Devenir vétérinaire, tout le monde le dit, c'est compliqué. C'est compliqué car la voie traditionnelle est peu aisée en France, et beaucoup partiront à l'étranger.
Voici un petit résumé des différentes possibilités d'études vétérinaire, en France et en Europe, si comme moi tu as été un peu pommé dans tout ça ;)
La voie française
La voie française se divise en plusieurs branches :
- La plus connue, la voie A : la prépa BCPST (Biologie Chimie Physique Sciences de la Terre). Cela consiste à intégrer la classe préparatoire aux grandes écoles françaises, qui pendant 2 ans préparent à 3 grandes branches de concours : le concours Agro-Véto (Ecoles d'Agronomie et Ecoles Nationales Vétérinaires ainsi que Polytech et autres écoles), ENS (Ecoles Normales Supérieures) et G2E (Géologie, Eau et Environnement). Une fois passés les écrits, les admissibles pourront passer les oraux des concours, pour avoir une chance d'être admis. Pour plus d'infos sur les concours et les débouchées : https://malherbe.lycee.ac-normandie.fr/spip.php?article25.
Pour vétérinaire, il est courant de redoubler la 2e année, et donc de le faire en 3 ans. C'est une année au cours de laquelle les khûbes (ou 3e année, en language prépa) consolident tout le programme pour mettre toute les chances de leur côté. En France, le concours ne peut être passé que 2 fois.
Généralement il y a 100 places par écoles, 400 en tout. Sachez que la première année de prépa équivaut à une L1, et la deuxième année à une L2 en terme de diplôme (avec possibilité de basculer en licence scientifique au cours de l'année si vous décidez d'arrêter la prépa en cours de route).
Mon témoignage : ayant fait la première année de la prépa, je peux confirmer que c'est des années très dures, avec énormément de travail, et une rigueur à acquérir. Mais également très belles en rencontres et en solidarité. La pression est constante, le contenu n'est pas d'une difficulté extraordinaire, mais c'est le rythme qui est très dur. Il faut savoir ingurgiter énormément de notions en peu de temps, et à mon sens, sans avoir suffisamment le temps pour les comprendre pleinement. Une semaine est rythmée par les cours (of course), les devoirs à rendre, 2 khôlles (évaluations à l'oral en face d'un professeur, lors de laquelle on résout des exercices, répond à une question de cours, ...) ainsi qu'1 DS sur table.
Pour choisir sa prépa, renseignez-vous sur l'ambiance, la façon dont se comportent les professeurs (certains peuvent énormément casser le moral, comme d'autres peuvent donner la foi de continuer), et le nombre d'admis aux concours chaque année.
Une fois admis dans une des 4 Ecoles Nationales Vétérinaires (Maison Alfort / Nantes / Toulouse / Lyon), les études se déroulent en 5 ans.
- La voie B : la licence scientifique. Le concours peut être passé en L2 ou en L3.
Nombre de places total : 54 places en 2024
- La voie C : BUT (26 places en 2024) et voie BTSA et BTS (52 places en 2024).
- Le post-bac, récemment : concours à passer en terminale (https://concours-veto-postbac.fr/local/mcms/index.php?p=epreuves). 280 places en 2023.
Résumé des possibilités : https://www.concours-agro-veto.net/spip.php?rubrique334
- L'école privée UniLasalle à Rouen (depuis septembre 2022) : admission sur dossier post-bac, études se déroulant en 6 ans. (Niveau coûts : droits de scolarité de 13 550 € par an les 3 premières années, puis de 18 600 € les 3 suivantes ; plus la CVEC)
https://www.unilasalle.fr/formations/ecole-veterinaire
Les Facultés de Médecine vétérinaire Belges :
Durent 6 ans, composées de 2 cycles de 3 ans : le premier est un grade de Bachelier en médecine vétérinaire [BMV] et le deuxième un Master au grade de Docteur en médecine vétérinaire [GMV].
4 universités proposent la formation au grade de Bachelier : Liège / Namur / Louvain / Bruxelles et une seule le master : Liège.
Pour les non-résidents belges, l'inscription est assez complexe et l'admission s'effectue par tirage au sort. Après avoir envoyé tous les documents demandés pour août (équivalence du BAC, etc) il faudra passer un TOS en septembre (une journée à passer des examens sur place, les résultats ne seront pas pris en compte : uniquement la participation est obligatoire), sachant que le tirage au sort aura été effectué avant. Le % de chances d'être pris varie selon chaque école, mais reste aux alentours de 20%. Soit l'on est accepté / soit l'on est sur liste d'attente (avec encore des papiers à fournir) / soit l'on est refusé (j'ai été moi-même refusée à 10 places près). Au bout de la première année, il faut avoir réussi le concours ainsi que les partiels : il y a un nombre de places limités pour les francophones chaque année. Il est donc possible d'être sorti chaque année.
Noter qu'on ne peut postuler qu'à une seule université ; et qu'il est impossible de postuler en ayant passé 2 fois le concours vétérinaire en France.
+ d'infos: https://www.euroguidance-france.org/partir-en-europe/belgique/les-etudes-de-veterinaire/
Partir en écoles privées en Europe
Il y a aussi la possibilité d'intégrer une école privée vétérinaire en Europe (en postbac, ou après des années d'études ; dans tous les cas tout le monde se retrouvera en 1ere année). Il y en a beaucoup en Europe, voici le résumé des plus connues :
- L'Université Cardennal Herrera de Valencia (Espagne) (l'Université où j'étudie, alors petit coup de coeur forcément <3)
Le diplôme européen, alors aucune formalité pour exercer en France, si ce n'est une semaine de formation aux normes françaises (pour pouvoir vacciner contre la rage, ...), souvent payée par l'employeur.
L'Université dispose d'un Hôpital Clinique Vétérinaire (Pôle Canine avec les différents services / Pôle Equin) ainsi qu'une Ferme Pédagogique (beagles, chevaux, moutons, chèvres, vaches, poules, lapins).
3 cursus : le français / l'anglais / l'espagnol (coûts différents). Les cours se déroulent dans la langue indiquée pour les 2 premières années, et les 3 dernières passent en espagnol. 5 ans donc en tout, un petit résumé de chaque année :
https://www.uchceu.com/fr/formations/domaine-medecine-veterinaire
1ere année : au premier semestre se sont des matières très basiques : statistiques, physique-chimie, botanique, zoologie, méthode scientifique (qu'on peut co-valider en ayant fait prépa / licence / IUT / médecine). Mais également du contenu vétérinaire, avec des cours d'anatomie, de physiologie, d'histologie et d'introduction à la médecine vétérinaire (qui présente toutes les possibilités du métier de vétérinaire). Au deuxième semestre, on conserve l'anatomie, la physiologie et l'histologie, complétés par de l'ethnologie, de l'éthologie et de la philosophie. Les TP sont principalement des TP d'anatomie (étudier les structures sur des cadavres), en laboratoire, ou à la ferme (découvrir la ferme et introduction à la manipulation de chaque animaux), ainsi qu'un TP d'apprentissage des sutures.
2e année : parasitologie, microbiologie, biochimie, anatomie du système nerveux, physiopathologie, pharmacologie, aspect légal, gestion, génétique, propédeutique, anatomie pathologie, histoire de la médecine vétérinaire et introduction à l'anesthésie, à la chirurgie et à l'imagerie. Les TP se font en laboratoire ainsi qu'à la ferme et à l'hôpital : on manipule et apprenons l'examen clinique des différents animaux, commençons la chirurgie sur des cadavres, apprenons à effectuer une échographie et une radiographie.
3e année : les choses sérieuses commencent ! Fini les bases, on passe à des matières qui rentrent dans le vif du sujet : Equin, Clinique des animaux de compagnie,, Porcin, Ovin et Caprin, Introduction à la production animale (nutrition, production, génétique, économie). C'est une année très condensée, intense, le 2e semestre laisse peu de temps pour souffler, entre les travaux et les présentations à rendre tout au long de l'année ainsi que les examens. Mais c'est aussi une année tellement intéressante ! Les cours décrivent les maladies (diagnostique, traitement, ...), la biosécurité, la gestion, ..... Beaucoup de TP nous permettent de consolider tout ça (visite d'exploitations porcines et caprine, semaines avec chaque demi-journée dans un service de l'hôpital canin, 1 semaine avec chaque demi-journée à l'hôpital équin, nécropsies, chirurgie sur cadavres, ...)
4e année : la continuité de la 3e année : Clinique des animaux de compagnie, Equine, Aquaculture, Apiculture, Bovins, Volailles et Lapins, Doctrine sociale de l'église (ça on ne comprend pas trop ce que ça fait là). Sous le même déroulé que la 3e année.
5e année : Clinique des animaux de rente, Technologie, Hygiène et Contrôle des aliments, Qualité et Sécurité en Industrie Alimentaire, semaines à l'hôpital / à la ferme, stage de fin d'études de 2 mois et préparation du travail de fin d'études.
Noter qu'en 2e et 4e année il est possible de prendre une option (ce qui augmente le coup de l'année). Il est également possible, de façon volontaire, de participer à des collaborations : à la ferme / à l'hôpital canin ou équin / en laboratoire : on s'engage à aider un certain nombre d'heures dans le service où l'on s'inscrit (avec obligation de faire des guardes dans le cas de certaines collaborations, pendant lesquelles on s'occupe des soins des animaux hospitalisés.)
Au bout des 5 ans, il manque 6 crédits ECTS pour valider ses études : ces crédits s'obtiennent tout au long des études : en effectuant des options (3 crédits / option) ; effectuer une collaboration ; faire des rapports de stage ; ...
IMPORTANT : les inscriptions se font au mois de décembre / janvier ! Ce qui permet de savoir des mars / avril si on est admis ou non.
Le cursus français est souvent le plus prisé (par les français forcément). On ne peut s'inscrire qu'à un cursus, mais si l'on est refusé il y a moyen de repostuler dans un autre (souvent les personnes refusées du cursus français tentent le cursus anglais).
L'admission se fait principalement selon les notes du lycée (1re et Terminale) et du BAC. Les études effectuaient / stages / lettres de recommendations sont un plus. Après avoir été pré-sélectionné selon ces critères, on passe un oral avec un professeur. Puis on sait si l'on est admis / mis sur liste d'attente / refusé. En composition des promos, cela forme un mélange de personnes postbac et de personnes sortant de prépa/licence/IUT/médecine (et même d'écoles d'ingénieur).
Le coût de l'année se calcule en payant tous les crédits ECTS, la réservation de la place, et les frais d'inscription (qui augmentent chaque année d'environ 5%) : total des coûts selon le cursus ici : https://www.uchceu.com/docs/fr/nouvel-etudiant/honoraires/honoraires-valence.pdf?a=2020, page 3. Notez qu'à partir de la 3e année tout le monde paye le tarif espagnol (le moins cher).
Chaque matière est passée en partiel (partie pratique et théorique) : il faut 4/10 à chaque partiel théorique et 5/10 de moyenne dans les blocs de matière pour les valider. Sinon on peut les repasser aux rattrapages, et si ça ne passe toujours pas, il faut repasser la matière l'année suivante (donc la repayer). Il y a également un système de Matricula de Honor : les premiers de la promo dans chaque bloc de matières sont remboursés du bloc de matière.
Niveau stage, on profite de l'été pour les faire volontairement (c'est fortement conseillé), car nous n'avons pas de stage au courant de l'année, si ce n'est le stage de fin d'études.
La vie sur place : on ne vit pas à Valencia même, mais dans un petit village tranquille (Moncada / Alfara del Patriarca) à 20 min en métro, 1h de la plage en métro (15min en voiture), à 40 minutes en voiture des montagnes.
Un service Hospitality est proposé à l'arrivée : des réunions en visio avant l'arrivée, découverte de la ville avec la promo avant le début des cours, aide pour la carte SIM, etc. Les professeurs sont très qualifiés et à l'écoute.
N'hésitez pas pour toute question !
- L'USAMV en Roumanie : 4 écoles : Cluj Napoca : cursus en français ou anglais (le plus connu des français, c'est limite un petit village français tellement il y a d'étudiants), Bucarest : cursus en français ou anglais, Timisoara : cursus en français ou anglais, Ion Ionesco de la Brad d'Iasi : cursus en anglais.
6 ans d'études, environ 6 000€ par an. L'examen d'admission se fait 90% selon la moyenne du BAC et 10% sur le volontariat, les études supérieures, les recommendations, .... Cela se déroule entre mai et juillet.
Je n'ai eu que des retours positifs de l'université, c'est généralement le premier endroit où partent les étudiants français pour étudier vétérinaire.
+ d'infos : https://prepa-veto-agro.fr/etudes-veterinaires-roumanie
- Le Portugal : Université de Porto ou de Coimbra : 1 an en cursus français, le reste en portugais. 5ans 1/2 à 6 ans d'études. Inscriptions de janvier à fin mai.
Toutes les infos ici : https://www.prepa-veto-agro.fr/etudes-veterinaires-portugal
Attention : selon des témoignages que j'ai pu avoir, certains ont décidé d'arrêter leurs études là-bas car l'hôpital vétérinaire n'y est pas encore construit.
-L'UAX à Madrid : en 5 ans, à Villanueva de la Cañada, sur un gigantesque campus. https://www.uax.com/fr/etudes/diplome-de-veterinaire
(Leur réputation est assez spéciale, l'ambiance ne convient pas à tout le monde)
Il existe beaucoup d'autres écoles privées, notamment la Hongrie (cursus en anglais) / l'Allemagne (en allemand) / l'Italie / ...
Les écoles Européennes Publiques
Il est possible de postuler aux écoles européennes publiques. Personnellement je ne connais que celles Espagnoles (Madrid / Barcelone / Zaragoza / Cordoba / Murcia / Extremadura / Gran Canaria / Léon / Santiago de Compostela) mais il est très difficile d'y entrer : il faut déjà bien parler la langue, et l'admission se fait via un concours.
Renseignez-vous également sur l'équivalence du diplôme.
+ d'infos : https://prepa-veto-agro.fr/etudes-veterinaires-espagne
Mon conseil : surtout ne vous laissez pas démoraliser par ce qu'on pu vous dire vos professeurs ou par le système démoralisant. Croyez en vos rêves, croyez en vous, faites des stages pour savoir si c'est ce que vous voulez réellement faire (car vétérinaire c'est loin d'être prestigieux comme on l'entend souvent : c'est surtout de la passion et du travail). Pour le choix de l'endroit, je vous conseille d'avoir un maximum de témoignages (finalement c'est ce qui compte le plus), si vous pouvez aller sur place pour visiter c'est encore mieux. Allez là où vous sentez que vous êtes bien, car partir à l'étranger merveilleux, mais c'est des sacrifices. Ecoutez au fond de vous ce que vous voulez réellement faire et où vous voulez réellement aller, et passez outre la barrière des peurs, de la zone de confort et de l'élitisme français. Renseignez-vous également auprès de votre banque pour les prêts que vous pouvez avoir, et la comparaison financière de chaque études.
Et surtout, n'hésitez pas à me contacter pour tout renseignement !
Bonjour ! Je suis en première année de bts diététique, je peux répondre aux différentes questions sur la difficulté des cours, sur les stages ou autres. Je suis par contre cette formation par correspondance eh oui pourquoi faire simple quand on peut faire plus compliqué. Dans mon cas c'était juste que comme je n'était pas prioritaire sur parcoursupp je n'ai pas pu partir en Dut génie biologique comme je l'avais prévu mais rien ne m'arrête pour autant mon but est de devenir diététicienne alors j'ai pris les cours par correspondance. Lorsqu'on est motivés rien ne nous arrête! Si ce métier vous intrigue ou même ces études je me ferai une joie de vous en parler et de répondre à n'importe quelle question! Que ce soit sur mon parcours, les cours que j'ai pu avoir, sur mon organisation car cela en demande beaucoup lorsqu'on est seuls face à ses cours et que la procrastination peut pointer le bout de son nez à n'importe quel moment de la journée et surtout le mâtin! Si quelqu'un veut quelques méthodes j'en ai 2-3 en réserves! A très bientôt ;)
Suite aux conseils extérieurs, j’ai « voulu » faire une prépa pour devenir ingénieur puis j’y ait survécu et en suis sorti grandit et scientifiquement qualifié. Venant d’un bac S et ne sachant pas dans quel domaine poursuivre mes études j’ai préféré choisir une classe préparatoire publique plutôt que les prépas intégrées dans les écoles d’ingénieur. En 2017 j’ai donc choisi la prépa de proximité du lycée Jean Bart à Dunkerque en filière PCSI. Au lycée je travaillais irrégulièrement comme la plupart des lycéens, mais en arrivant en prépa je me suis adapté à un nouveau rythme de travail. Je me suis pris quelques « claques » mais rien d’exceptionnel. Arrivé en deuxième année en PSI, le rythme était de nouveau plus intense mais pas beaucoup plus pour moi puisque je travaillais déjà régulièrement en première année. Vers le milieu de l’année j’ai eu quelques coups de « mou » mais j’ai su me remotiver pour les concours. Dans la prépa, ce qui est nouveau c’est le classement qui peut amener à la concurrence dans certaines prépas. Grâce au classement et aux oraux réguliers (kholles) nous sommmes très bien préparés pour le concours J’ai beaucoup muri pendant ces 2 années de prépa, et pour mon cas je ne suis toujours pas sûr de vouloir être ingénieur mais ce qui est sûr c’est que je ne regrette en rien d’avoir fait une prépa. Je ressors beaucoup d’atouts de cette formation comme les méthodes de travail, la rigueur acquise. En attendant les réponses des concours, j’ai l’intention d’intégrer une école si possible, sinon je compte faire une licence 3 dans l’environnement soit pour continuer dans cette spécialité jusqu’à un master soit pour retenter le concours l’année prochaine. La prépa est une étape très gratifiante pour s’assurer un avenir professionnel prometteur. Je conseille déjà à tous les élèves qui veulent devenir ingénieur de passer par une prépa ; et pour ceux qui ne sont pas sûr comme je l’étais, je tiens à dire que ça ne peut être que bénéfique. Même si c’est dur, c’est une bonne préparation pour la rudesse du monde du travail. Il n’y a rien à perdre alors pourquoi ne pas tenter ? Si vous avez d’autres questions n’hésitez pas à me contacter via mon profil en prenant un rendez-vous ;) Rémi LOUAGE
J'ai obtenu un bac S option Sciences de l'Ingénieur en 2019. Un peu plus tôt dans l'année il a fallu mettre des vœux sur Parcoursup. Le problème ? Je n'avais aucune idée de ce que je voulais faire pour le reste de ma vie ! Et c'est bien normal ! Avec une retraite à 64 ans, qui peut choisir à 18 ans ce qu'il va faire jusque là ? Mais l'échéance arrivait et il fallait faire un choix ! Comme on l'entend souvent en entretiens "j'aime les sciences, j'aime le dessin, alors pourquoi pas archi ?". J'avais quelques connaissances en ENSA, je savais à quoi m'attendre alors allons y ! Quelques mois plus tard je commence ma première année en architecture à Versailles. Je suis complètement à la ramasse, comme dans un monde parallèle. Tous les étudiants ont un architecte préféré, un avis sur tout, parlent de choses que je ne comprends pas. De ma vision de campagnarde arrivée là par chance et hasard, ce que je savais citer à ce stade c’était le vieil Orléans, sa cathédrale et les châteaux de la Loire, je n’ai même pas réussi à retenir les architectes du FRAC Centre que j’avais pourtant cité en long en large et en travers lors de mes entretiens. Le souvenir le plus fort que je garderai de ma licence est mon tout premier workshop. Dès les premières semaines nous avons été mis dans le bain : par 6 nous avons dû nous lancer dans la construction d’une maison en carton à l’échelle une. C’est là qu’on a commencé à apprendre. Le premier travail de groupe, les premiers croquis, les premières idées, interrogations et maquettes, les premiers questionnements structurels, les premières charrettes, les premières défaites, les premières victoires. Mais par-dessus tout, alors que nos professeurs étaient persuadés que le toit de notre structure allait s’effondrer, ce fut la satisfaction de voir notre œuvre achevée qui m’a fait réaliser que j’étais bel et bien lancée dans le cursus et qui m’a fait entrevoir que j’avais peut être finalement bien ma place ici. Le retard que j'avais l'impression d'avoir n'était finalement pas si grand. de toutes façons nos connaissances évaluées étaient basées sur les cours magistraux que nous avions tous et pour les cours de projets nous partions tous du même point. En parlant du cours de projet : il a été très déstabilisant. Au premier semestre nous étions frustrés de ne pas réellement faire projet. On a fait une coupe et un peu de programmation mais rien de ce que nous attendions réellement de cet enseignement. Le deuxième semestre a été déstabilisant d'une autre manière, nous avons du concevoir sans connaitre les codes. Nous n'avions aucune notion technique donc très peu de contraintes et nous avons du nous les imposer nous mêmes pour concevoir probable sans vraiment comprendre les limites de réalisme que nous devions avoir. Ce sentiment est resté au semestre 3 pour petit à petit s'effacer. En troisième année, la difficulté était tout autre. Mes camarades et moi nous sommes vite retrouvés face à une charge de travail dépassant tout ce que nous avions connu. La quantité et la qualité des documents requis avait drastiquement augmenté, je me suis à deux reprises retrouvée à présenter 3 projets complets avec documents finis dans la même semaine. L’exigence des maquettes avait aussi augmenté, mais ayant passé deux semestres loin de l’école, ses ateliers et son fablab, il ne nous avait été demandé aucune maquette depuis plus d’un an (à cause des confinements successifs). Mais ce n’était pas un argument, les difficultés m’ont permis de me débrouiller par moi-même et de me dépasser. Cette troisième année a été un réel sacrifice. Je me suis consacrée corps et âme dans le projet, je n’avais plus de temps pour faire autre chose, je ne voyais même plus mes amis qui travaillaient pourtant dans la même école que moi, je me contentais d’échanges brefs avec ceux assis à la même table, j’y ai laissé beaucoup de cartouches de sommeil ; encore aujourd’hui je récupère certaines heures sacrifiées lors des derniers rendus du premier semestre. Il a été moralement et psychologiquement dur : lorsqu’on se consacre autant à son travail, tout devient personnel et la critique est plus dure à digérer. Lorsque j'ai écris ces mots dans mon rapport de fin de licence, je sentais un note d'aigreur en moi. J'avais sacrifié un peu de ma vie pour des cours... Je me suis souvent dit que "les études ce n'est pas ta vie entière, pense un peu à toi" et je ne l'avait pas fait une fois. Cependant, avec le recul, ce sacrifice m'a au moins donné la tranquillité d'esprit de me dire que j'avais donné tout ce que j'avais à donner et que le projet n'aurait pas pu être mieux. Mais malgré tout, ce que je trouve dommage c’est que pour cette matière j’ai dû mettre de côté certains enseignements annexe par manque de temps ; j’assistais aux cours mais mon cerveau ne pensait que projet ou se mettais en off pour récupérer un peu de temps de repos. Cette année nous avions un professeur de droit passionnant et il m'est arrivé plusieurs fois de somnoler pendant ses cours à cause de la fatigue accumulée alors que ce que j'avais en face de moi intéressait vraiment. Dans notre cursus nous avons une grande pluralité d’enseignements autre que le projet et qui se rapproche plus ou moins de notre potentiel futur métier. En premier il y a la construction. Venant d’un bac SI, j’avais déjà quelques wagonnets d’avances qui m’ont permis de ne pas écouter la première année et de m’en sortir assez correctement. La deuxième et troisième année les choses se sont corsées, plus de calculs, plus de notions, on entrait dans le côté architectural de la matière. Les quatre heures consécutives hebdomadaires de cette matière ne m’ont guère tenue en éveil bien qu’elles semblaient intéressantes. Mais la fatigue du projet n’aidant pas j’ai eu du mal à m’y accrocher et encore plus à m’y mettre par la suite. Sont venues aussi les matières manuelles. En premier lieu nous avons eu des cours de représentations. J’ai beaucoup aimé ces cours. J'en garde un souvenir très agréable. Je mets dans le même lot les modules d’art plastique. 3 jours, deux fois par semestre pendant 2 ans. A l’époque je râlais beaucoup car je n’en voyais pas le sens, mais aujourd’hui j’en tire la joie d’avoir manipulé, expérimenté, et de travaillé sans me prendre la tête. Et sans eux cette année, j’ai pu me rendre compte qu’ils offraient une pause profitable au milieu du semestre de projet. Ces matières ont comblé mon amour du travail manuel, tout comme mon stage de première année. J’ai effectué ce stage dans une menuiserie-charpenterie du Loiret et j’ai passé deux formidables semaines à vagabonder à faire des planchers, des terrasses... J’ai pris plaisir à avoir mes yeux sur autre chose qu’un écran et avoir des mouvements plus amples que ceux du dessin et du travail sur ordinateur. Durant ces 3 ans j’ai aussi découvert des matières plus littéraires. L’histoire de l’architecture qui m’a immédiatement passionnée mais la longueur des cours ont eu raison de ma concentration. J’ai adoré les cours de première année sur les racines de l’architecture, et si j’ai eu un peu plus de mal avec l’architecture moderne explorée en L2 c’est avec plaisir que je l’ai retrouvée mêlée au patrimoine lors de ma troisième année. J’ai trouvé ces cours très intéressants et j’ai tout particulièrement apprécié l’enseignement d'une de mes professeures qui nous a appris à voir l’architecture autrement et y développer un réel esprit critique par le biais de son discours mais également des débats qu’elle organisait. Nous avons également eu des cours de droit, et si ils m’ont peu intéressés en L2, les cours de L3 était nettement différents. J’ai grandement apprécié aussi d’avoir eu l’occasion d’élargir le domaine de l’architecture à travers de sujets plus inattendus tels que la philosophie ou l’anthropologie ainsi que le cinéma. Je suis actuellement en Master. Je regrette presque que ces trois années soient passées si vite. La licence, même si elle est éprouvante, est la période de l'architecture libre, créative, émotionnelle... On s'amuse, on expérimente. Le master est là pour appliquer toute l'expérience accumulée pendant ses 3 ans, il est plus sérieux, plus appliqué. Ce contraste m'aide beaucoup sur ma vision de l'architecture que je veux pratiquer plus tard. J'ai envie de retrouver cette pratique "fun". Je pense que c'est quelque chose que je pourrais potentiellement trouver dans la scénographie ou le maquettisme... Affaire à suivre...
— Notre rédactrice
N’hésite pas à la contacter pour discuter avec elle
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